Au bout, la lumière
EDITION
Extrait
Extrait 1 
 
Elle prit une lampe torche dans le tiroir du buffet de la cuisine et se dirigea, tremblante, vers ce qu'elle avait surnommé dès l'enfance " la crypte du secret ". 
Tandis qu'elle montait l'escalier d'un pas hésitant, elle était tout à la fois excitée, comme une enfant sur le point de braver un interdit, et inquiète de ce qu'elle risquait de découvrir.  
La crypte n'était pas moins que la pièce où son grand-père avait trouvé la mort, et cette pièce avait été condamnée par sa grand-mère depuis lors. 
Que de fois n'était-elle pas passée, petite fille, devant cette porte close qui l'aimantait. Ainsi avait-elle à maintes reprises glissé son œil à l'endroit de l'ancienne serrure, sentant un souffle d'air froid sur sa conjonctive : rien que l'opacité de l'obscurité de l'autre côté.  
La curiosité la rongeait.  
Elle n'avait pas connu sa grand-mère, et sa mère, Isabelle, d'un naturel renfermé, s'était toujours refusée à lui livrer la vérité. Elle s'était contentée de lui dire que son grand-père s'était éteint dans cette pièce, où il aimait lire, travailler et écrire, et que sa mère, Hélène, très peinée par la fin brutale de son mari en avait condamné l'accès après son décès. Isabelle n'avait alors que trois ans : quel souvenir avait-elle pu conserver de son père ? Comment avait-elle vécu cette perte si précoce ? Sans doute avait-elle, elle-même, souffert du mystère qui l'entourait… Mais pourquoi, n'avait-elle jamais consenti à ouvrir cette porte ? Même après la disparition de sa propre mère ! Peut-être la peur avait-elle été plus forte que le besoin de savoir… 
 
 
Extrait 2 (sur la 4ème de couverture) 
 
" Que de fois Jacques Cuvillier n'avait-il dû se perdre dans la contemplation de cette structure noueuse et torturée, choisissant peut-être inconsciemment à laquelle des poutres il lierait un jour son destin. Elle imagina soudain le corps ballant de son ancêtre au bout du nœud coulant et détourna avec horreur son regard du spectre qu'elle venait de rappeler par la force de son esprit. 
Brigitte s'approcha alors le cœur battant du bureau situé sous l'armature de bois et, chassant l'image des pieds se propulsant violemment de la table vers le néant, se mit à explorer nerveusement les nombreux tiroirs, vides. 
Elle allait abandonner ses recherches lorsque ses doigts heurtèrent une tirette au fond de l'un d'eux. Intriguée, elle poussa celle-ci et découvrit une sorte de compartiment secret où reposaient des documents, enfouis là, depuis une éternité. 
Elle les extirpa avec précaution de leur cachette et quitta la pièce en les serrant contre elle, en quête de lumière… "