Les soldats de Caelum
EDITION
La clef du temps
Extrait 
Ne prêtant pas attention à mes sacarmes elle poursuivit :
— Le Malin a dégotté un moyen d'envoyer un groupe de démons dansle passé. De les faire voyager dans le temps pour empêcher Alessandro et Alma Bertuzzi, nos aieux respectifs, de se rencontrer. Tu comprends l'urgence maintenant, Victoire ! Pas de lien : pas de mariage. Pas de mariage : pas d'enfants...
— Pas d'enfants : pas de descendance, murmurai-je, mon cerveau en ébulition.
— En effet.
— Sauf qu'ils s'y trouvent déjà, dans le passé ! Ou du moins, qu'ils y ont déjà fait un petit tour, grognai-je en fixant les deux femmes avec gravité.
— Que veux-tu dire, ma chérie ? s'affola Giorgiana.
Éléna, le regard interrogateur, semblait tout ouîe aussi.
Visiblement, elle ignorait ce point fondamental. Alors, quoi ! Ses amis démons ne se fiaient pas à  elle non plus ? Quelle ironie ! 
— Que le processus pour nous annihiler a déjà commencé. J'en ai peur. J'ai eu une vision du passé cette nuit. La troisième en une semaine. Voilà pourquoi je voulais te voir, Giorgiana. Pour t"interroger à propos de nos ancêtres. Car ce que mon dernier rêve m'a permis de discerner n'aucun sens...
— Quas-tu vu, Victoire ! me hâta Élena soudain très nerveuse.
— La rencontre entre Alessandro et Alma dans un premier temps. Et quelques étapes de leur relation. J'ai même assité à leur mariage ! Or, dans cette vision-là, notre ancêtre n'épousait plus Alma, mais une autre femme.
— Et crois-tu sincèrement que nous pouvons avoir foi en tes rêves les yeux fermés ? demanda encore Éléna fébrile.
— Jusqu'à  présent, ils se sont toujours rêvélés d'une aide précieuse, retorquai-je sur la défensive. Je ne vois donc pas pourquoi ce serait différent aujourd'hui.
Puis, changeant de sujet, j'ajoutai :
— Je pense néanmoins que tant que la fille ne se retrouve pas enceinte, il nous reste un peu d'espoir pour bouleverser la donne. Dans le cas contraire, on ne serait plus là pour en débattre, il me semble. Vous n'êtes pas de mon avis ?
— Si, acquiesça Élena, électrisée par la nouvelle. Nous devons cependant agir au plus vite.
— Oui, continuai-je. Il faut absolument que tu nous révèles ce que tu sais. Sans rien omettre. C'est capital ! Je dois le reconnaître, tu as raison sur un point : si on veut empêcher le désastre qui se profile à l'horizon, on doit mettre nos divergences de côté et oeuvrer ensemble.
"La crémonie de mariage a sûrement pris fin en ce moment même, mais, la fête, elle, bat encore son plein. Nous avons besoin de renfort pour...
— Qui a parlé de renfort ? lança soudain une voix familière juste derrière moi.
Je me retournai, le coeur battant à cent à l'heure, et aperçut une partie de sa chevelure de jais dans l'encadrement de la porte.
— Stefano ! jetai-je, me précipitant vers mon cousin et lui prenant la main pour l'attirer dans la pièce. Si tu savais comme je suis contente de te revoir !
Joignant l'acte à la parole, je le serrai très fort dans mes bras.
— Tu es parti depuis si longtemps ! 
Il tombait bien celui-là ! À croire qu'il possédait un radar incorporé qui le faisait revenir auprès de nous, de moi, dès que survenaient de graves problèmes.
— Je ne pense pas que ce soit un argument valable pour me broyer les côtes en prime, rit-il, s'échappant de mon étreinte avec ingéniosité.  Moi aussi, je suis très heureux de te voir, Vic. Mais est-ce que je t'enlace à t'étouffer ?
Puis il ajouta d'un air malicieux :
— Un simple baiser, c'est tout ce que je te donnerai aujourd'hui pour la peine !
Et il s'exécuta, s'emparant de mon visage à deux mains et m'embrassa sur une joue avec force et grand bruit. Ensuite, changeant de ton, il se tourna téathralement vers Éléna et, acerbe, lança en se campant face à elle :
— Mes aieux ! Qu'avons-nous là ? Une revenante ! Ça par exemple !