Quand on dit poésie c'est comme un froid qui passe
Les uns font la grimace ou vous tournent le dos
Les autres vous sourient puis poliment s'effacent
Ou jouent l'indifférence et changent de propos.
Et faut-il vainement que bien mal on te serve
Pour qu'en tous lieux et temps tu effraies sans raison
Les plus honnêtes gens qui alors sous réserve
Veulent bien écouter Poésie ta chanson.
Ton langage il est vrai est parfois si rebelle
Qu'il faut pour le saisir un bon entendement
Qu'il faut aller fouiller si loin dans nos cervelles
Que plus vite on se fait au dernier des romans.
Pourtant la poésie c'est le chant de la vie
Un rayon de soleil qui perce après la pluie
Le geste du semeur que le soir ennoblit
C'est une gare un train son écho dans la nuit
Elle est dans la vie même et dans tout ce qui vibre
Dans l'enfant qui va naître et la fleur et le fruit
Sur la corde tendue quand tremble l'équilibre
Dans les pas du passant et l'instant qui s'enfuit
Elle a sa part de rêve et de réalité
Et que ce soit dans la détresse ou dans la joie
Elle nous fait toucher à cette immensité
D'une divinité que chacun porte en soi
Et le temps peut aller et les choses passer
Mais tant qu'il y aura des mots pour se comprendre
Des joies pour exister et des cœurs pour s'éprendre
La poésie sans fin reviendra nous bercer…