Ce pauvre monsieur Lange
NOUVELLES
© Line Laurence GIOAN
La sonnerie du réveil retentit et résonna dans sa tête. Ce qui la fit tomber de son rêve avec son lit qui sembla s’affaisser d’un cran sur ses quatre pieds. De l’imaginaire à la réalité du matin. Elle allongea le bras pour atteindre son réveil et en étouffer l’éclat sonore. 
 
On frappa à la porte de sa chambre : 
 
- « Valérie, tu vas être en retard ! Tu te magnes, il est bientôt huit heures ! 
 
- Valérie tu vas être en retard…ne t’inquiète pas grand frère…je me lève…je suis levée! 
 
- Gérard ! 
 
Gérard ouvrit la porte : « C’est quoi ?… je suis pressé ! » 
 
- J’ai besoin de ta voiture ce matin, tu peux me laisser tes clés ?…s’il te plait … 
 
- Elles sont sur le guéridon de l’entrée. Et ne me ramène pas une « prune » comme la dernière fois avis! 
 
- Promis Gérard…..à ce soir ». 
 
 
 
Elle avait rendez-vous ce matin pour un entretien d’embauche dans un petit cabinet d’affaires dirigé par deux frères avec une secrétaire. L’un des deux frères étant parti en vacances, et la secrétaire subitement absente, suite à une chute malencontreuse qui allait l’immobiliser pour au moins deux bons mois, il fallait une personne, non pas pour assurer la relève, mais pour aider à quelques tâches tout en se perfectionnant. 
 
Après cinq ans de mariage raté, un baccalauréat en poche et quelques cours de droit, à vingt-cinq ans, Valérie se disait : 
- « Je ne suis pas si bête après tout…une fois que j’aurai retrouvé mes repères, et corrigé, très vite mon inexpérience du travail, me reviendront ces facultés premières que j’avais délaissées pour un temps. » 
 
C’était un recommencement. Elle n’avait pas l’intention de décevoir son frère qui lui avait offert cette opportunité grâce à la complicité d’une amie de la secrétaire qui lui avait favorisé cet entretien. Et le travail ne manquant pas, si elle faisait l’affaire… 
 
S’en sortir enfin…reprendre sa vie en main…ne plus squatter l’appartement de son frère… 
 
Valérie se leva et se planta devant son miroir. Elle passa les mains sur son visage comme pour en chasser les signes de ses contrariétés passées : - « Si on ne peut, comme sur l’ardoise, d’un simple geste tout effacer, pour l’instant et à venir : c’est demain ! » Et il n’est pas question, non, aujourd’hui, que je sois en retard !!! 
 
À cette pensée, son rêve lui revint en mémoire. Elle se surprenait à courir, et comme un leitmotiv, ces mots se bousculaient dans sa tête : - « tu vas être en retard ! Sors-toi de là…tu vas être en retard ! 
 
Mais qu’est-ce qu’elle faisait dans cette gare déserte et dans ce train d’une autre époque, déplacée comme une marionnette dans cette chambre haute à peine éclairée, aux murs rayés de gris alourdis par d’immenses tentures bordeaux ? Une brise légère faisait tintinnabuler les pendeloques d’un lustre au-dessus de sa tête et ce son cristallin accentuait encore le silence qui l’entourait. Une odeur de pomme effleura ses narines. Il y avait des fruits sur une table. 
- « Mais qu’est-ce que je fais ici ? Ce n’est pas là que j’avais rendez-vous. Il faut que je sorte ! Je ne vois aucune porte à l’horizon … j’ai l’impression d’être enfermée… 
 
Un escalier apparaît….Prends-le Valérie !… Dépêche-toi ! 
 
Elle se précipite la peur au ventre… Je vais tomber … Je tombe !…La sonnerie du réveil l’accompagne… 
 
Valérie se demandait : C’est quoi ce rêve bizarre ? 
On dit que le cerveau s’amuse parfois, dans les rêves, à vous jouer des tours, où l’on est à la fois, acteur et spectateur de situations abracadabrantes. De situations qui vous projettent dans un imaginaire d’absurdités créé par petites touches de souvenirs piochés ici et là dans les recoins de la mémoire. Un imaginaire annonciateur ou révélateur d’une réalité intime, une clé ?… Une porte ouverte sûrement à l’angoisse qui m’a saisie à l’approche de cet entretien et de son résultat. Mais ma réalité matinale pour l’instant : c’est ma porte ouverte sur un bon café ! 
 
Valérie est maintenant dans sa rue. C’est encore une de ces rues calmes bordées de petits immeubles, où l’on peut se garer tranquillement. Elle remonte machinalement le col de sa veste. Malgré l’approche du printemps, le temps est toujours un peu frais. Elle se dirige vers sa voiture, s’y engouffre et file. Elle n’est pas très loin de son rendez-vous. 
 
Arrivée sur place, elle vérifie l’adresse que la secrétaire lui a notée sur sa carte de visite. L’immeuble en question se trouve juste à côté. 
 
- « Qu’est-ce qui se passe ? On dirait qu’il y a un attroupement. 
 
Valérie aperçoit un petit parking de l’autre côté de la rue…une voiture s’en va : voilà ce qu’il me faut…un regard sur sa montre : il est dix heures quarante cinq, tout va bien. On m’attend à onze heures, je suis dans les temps, je n’ai que la rue à traverser. 
 
La voilà devant l’entrée de l’immeuble prête à s’y engager, quand un agent de police lui barre le passage. 
 
- « Attendez ! On ne passe pas mademoiselle…Qui êtes-vous? 
 
- Excusez-moi, monsieur l’agent, je suis pressée, j’ai rendez-vous à onze heures au cabinet LANGE, pour un entretien d’embauche. 
 
- Ah ça, mademoiselle, ça m’étonnerait fort que vous puissiez avoir votre entretien aujourd’hui ! 
 
Tout à coup, une voix désagréable sortit de l’immeuble en vociférant. Une mégère en peignoir, les cheveux serrés dans un foulard, apparût en pointant Valérie du doigt : 
 
- « La voilà ! Elle ne manque pas d’air celle-là ! 
 
- « C’est elle, monsieur l’agent, c’est elle ! Puis s’adressant à Valérie : on revient sur les lieux de son crime ! 
 
Valérie interloquée … 
 
- « Pardon, c’est à moi qu’elle s’adresse ? 
 
- Mais j’en ai bien l’impression mademoiselle. Venez… suivez moi. 
 
- Mais monsieur l’agent, c’est n’importe quoi ! 
 
- C’est elle, monsieur l’agent, je vous le dit ! - « Allez ! Ne faites pas votre innocente…je vous reconnais ! Vous êtes déjà venue deux fois ce matin, j’étais dans les escaliers quand vous êtes sortie en courant de chez ce pauvre monsieur Lange, et vous étiez tellement pressée, que vous n’avez même pas pris la peine de fermer la porte ». C’est comme je vous le dis, monsieur l’agent. C’est moi qui vous ai averti, je me suis doutée que quelque chose était arrivé à ce pauvre monsieur Lange ». 
 
Valérie protesta : 
 
- « Mais arrêtez vos divagations madame ! Je ne suis jamais venue ici de ma vie ! C’est la première fois que je mets les pieds devant cet immeuble. J’avais rendez-vous oui, à onze heures chez monsieur Lange, pour un entretien d’embauche et c’est tout, point final ! D’ailleurs je ne le connais même pas, et je voudrais bien savoir de quoi on m’accuse. 
 
- « Taratata …monsieur l’agent, je vous dis que c’est elle ! Je l’ai vue, et personne d’autre n’est monté ce matin !…Oh, ce pauvre monsieur… 
 
- « Alors ça, c’est la meilleure ! Bon, excusez-moi, mais je ne vois pas ce que je fais ici à écouter les élucubrations de cette femme. Je m’en vais !!! 
 
- Mais pas du tout mademoiselle ! L’agent de police la prend par le bras : - « Vous allez rester avec moi en attendant que l’inspecteur de police, qui s’occupe de l’enquête, revienne. C’est à lui de décider si vous devez partir ou rester. 
 
- Mais c’est d’un ridicule…lâchez-moi ! 
 
Valérie était abasourdie. J’hallucine là, c’est une histoire de fous ! 
 
- « Qu’est-ce qui se passe Bruno ? 
 
- Ah ! Monsieur l’inspecteur, la gardienne de l’immeuble - enfin je crois - vient de reconnaître cette personne…elle dit l’avoir vue sortir du cabinet LANGE, ce matin en catastrophe. 
 
- Pourquoi vous dites : « je crois » ! C’est la gardienne ou pas ? Et où est-elle ? 
 
- Monsieur l’inspecteur, je suis Valérie Daniel, et je peux vous garantir, que je ne suis jamais venue ici de toute ma vie ! Je suis arrivée ce matin à dix heures quarante cinq devant cet immeuble ; vous pouvez vérifier mon ticket de parking, je suis garée juste en face. Et cette femme est complètement folle ! 
 
- Eh bien, en attendant, mademoiselle… oui, mademoiselle comment ? 
 
- Valérie Daniel 
 
- Mademoiselle Valérie Daniel…On va vérifier tout ça. 
 
- Qu’est-ce que vous faisiez là ? 
 
- J’avais rendez-vous ce matin, et je l’aurai dit quelques fois, avec monsieur Lange, pour un entretien d’embauche. 
 
- Comme par hasard ! 
 
- Ah, oui ! Ça vous pouvez le dire. Je vous assure que je ne comprends rien à toute cette histoire, ni ce qui a pu arriver à ce pauvre monsieur Lange ! 
 
- Monsieur Lange, mademoiselle, a été tué ce matin, dans son bureau. 
 
- C’est gai ! Je suis arrivée au bon moment…et c’est moi qui suis censée… 
 
L’inspecteur demanda vivement : alors ! Où est cette gardienne ? 
 
Valérie protesta de nouveau: 
 
- « Vous n’allez tout de même pas croire cette femme, monsieur l’inspecteur ! 
 
Valérie commençait, comme on dit, à « baliser ». Et si l’inspecteur prenait cette femme au sérieux … 
 
- « Mon Dieu, mais où suis-je tombée ! Il faut que j’appelle mon frère. » 
 
- Monsieur l’inspecteur, il faut que j’appelle mon frère…je veux l’avertir de cette farce. 
 
- Vous allez d’abord répondre à quelques questions : 
 
- Mais je suis entrain de rêver là …mais arrêtez cette comédie ! Pourquoi, je devrais répondre à vos questions ? 
 
- C’est la procédure, mademoiselle. Il y a un témoin, et je suis obligé de vous interroger. 
 
- Mais je vous le répète, monsieur l’inspecteur, je suis étrangère à toute cette histoire ! 
 
- Si c’est le cas, vous n’avez donc rien à craindre. 
 
- En attendant, donnez-moi votre ticket de parking ainsi que la carte de visite de la secrétaire qui vous a obtenu ce rendez-vous. 
 
- « ah ! Voilà la gardienne, je suppose ? 
 
L’agent de police Bruno, revient accompagné de la soi-disant gardienne. 
 
- « Venez, madame, venez, on a besoin de votre témoignage. 
 
- Mon témoignage … pourquoi faire ? Je ne vous connais pas monsieur… où est mon mari : Anselme ! 
 
- Je suis l’inspecteur MORANGE, madame, c’est moi qui dirige l’enquête que vous savez, depuis ce matin. 
 
-Vous avez interpellé, à deux reprises, mon collègue ici présent, en prétendant reconnaître cette jeune femme, que vous auriez vue sortir, ce matin, en courant du cabinet LANGE; 
 
- Ah bon…vous croyez… je ne m’en souviens pas ! 
 
- « Mais quelle comédienne ! 
 
- Mademoiselle…il y a eu un meurtre là-haut, et ce n’est pas de la comédie ! 
 
- Sûrement monsieur l’inspecteur …mais je n’y suis pour rien. Vous voyez bien que cette femme est dérangée. 
 
- Madame, je suis l’inspecteur MORANGE et je vous repose ma question : 
 
- « Avez-vous vu, oui ou non, cette jeune personne ce matin ? 
 
D’un geste vif, la soi-disant gardienne repoussa l’inspecteur en criant : Mais laissez-moi tranquille ! 
 
- « Marcelline ! 
 
Un petit homme aux cheveux blancs se manifesta tout à coup avec tout le poids de l’inquiétude sur ses épaules … 
 
- « Qu’est-ce que tu fais ici, Marcelline enfin !… et dans cette tenue ! Je me suis demandé où tu étais passée. Je ne peux pas tourner le dos sans que tu me fasses une bêtise ! Dis-moi, qu’est-ce qui t’a pris de sortir sans moi de l’appartement ! 
 
- C’est ce monsieur, l’inspecteur de police, qui veut à tout prix, que je lui dise … 
 
- Mais monsieur l’inspecteur, que voulez-vous que ma femme vous dise : D’ailleurs, ce matin, on a déjà répondu à toutes vos questions…enfin, c’était peut-être à votre collègue, peu importe, nous n’avons plus rien à ajouter. Aller, il faut retourner à l’appartement maintenant, viens Marcelline… 
 
- Mais attendez monsieur, s’il vous plaît …votre femme est peut-être le témoin…mais au fait…elle n’est pas la gardienne de l’immeuble n’est-ce pas ? 
 
- Mais non, monsieur l’inspecteur, vous voyez bien que ma femme n’a plus toute sa tête... Ah ! Je savais bien que toute cette histoire allait la perturber. 
 
L’inspecteur MORANGE se retourna vers Bruno, l’agent de police, qui s’était reculé mal à l’aise…il le regarda…puis il dit : - « Sans commentaire ! » 
 
Il s’adressa ensuite à Valérie… 
 
- « Je crois mademoiselle, que pour aujourd’hui, on va en rester là. Mais je veux vous voir demain matin au Commissariat, où nous finirons cette conversation. 
 
- Mais pourtant, inspecteur, vous avez bien compris, que cette femme divaguait. Elle ne m’a jamais vue ici, et pour cause… vous n’allez quand même pas m’accuser vous aussi ! 
 
- Je ne vous accuse de rien mademoiselle Daniel, pour l’instant on cherche, on pose des questions, on écoute et puis on voit. Vous pouvez partir mais n’oubliez pas…demain…je vous attends ! 
 
- Comment pourrais-je l’oublier inspecteur ! 
 
- Et surtout, ne vous inquiétez pas trop, on ne vous mettra pas les menottes, ce ne sera en somme, qu’une simple formalité. 
 
- Une formalité dont je me passerais bien et qui ne devrait pas me concerner. Seulement voilà … 
 
- Vous vous êtes trouvée au mauvais endroit, au mauvais moment. 
 
- Mais vous savez quoi, inspecteur, si dans les jours à venir, mes demandes d’emploi restaient sans réponses, je pourrais toujours raconter cette histoire délirante, cette histoire de fous ou : « le jour où périt ce pauvre monsieur Lange!»… 
 
- Ah, oui, mais attention ! Ce n’est que le début de l’histoire. La suite ne vous intéresse pas ? Il y a toujours un coupable qui court et qu’il faut trouver. 
 
- Et j’espère bien que vous allez le trouver inspecteur ! Mais vous avez raison : l’histoire, effectivement, ne fait que commencer. Et maintenant, que je suis un peu plus rassurée, quant à ma soi-disant participation à cette triste affaire, c’est vrai que je serais curieuse d’en connaître le dénouement. 
 
 
Un coursier, qui venait d’arriver, s’approcha de l’inspecteur MORANGE pour lui transmettre une grande enveloppe : 
- « Monsieur l’inspecteur, voici les photos que vous attendiez. Elles ont été prises comme vous l’aviez demandé, devant, autour et en face de l’immeuble. » 
 
- Le travail a été vite fait…Merci. 
 
L’inspecteur MORANGE ouvrit l’enveloppe et en sortit les quelques photos qui avaient été prises dès l’arrivée de la police sur les lieux. Valérie, qui était à ses côtés, se pencha discrètement sur les photos, se demandant si son arrivée avait été de ce fait, ainsi prouvée. 
 
- « Tiens ! 
 
L’inspecteur interpellé leva la tête… 
 
-Vous reconnaissez quelqu’un ? 
 
Valérie montra du doigt sur la photo, une jeune femme, qui se tenait en face de l’immeuble, à demi cachée par une voiture. 
 
-Vous connaissez cette personne ? 
 
- Mais oui, c’est Marielle ! Je ne peux pas me tromper. Je la connais bien, elle travaille avec mon frère ; et c’est l’amie de la secrétaire de monsieur Lange. C’est d’ailleurs par elle que j’ai obtenu ce rendez-vous que vous savez. C’est quand même bizarre…qu’est-ce qu’elle faisait là ? Oui, comme vous dites : qu’est-ce qu’elle faisait là ! C’est un fait troublant dont je vais devoir m’occuper vivement. Vous dites qu’elle s’appelle ? 
 
- Marielle Avril. 
 
- Et où peut-on trouver cette personne ? 
 
- Je crois bien, chez la secrétaire en question. 
 
- C’est-à-dire ? 
 
- Elle vit avec la secrétaire de monsieur Lange : Ginette Robert. Vous trouverez leur adresse sur la carte de visite que je vous ai donnée. 
 
- Mais c’est parfait tout ça ! 
 
Valérie, intriguée, regardait l’inspecteur…- « Alors, je vous dis : à demain inspecteur. 
 
- Attendez, j’aimerais bien que votre frère vous accompagne, j’aurais peut-être quelques questions à lui poser. 
 
- Je ne sais pas…je vais essayer… . 
 
- J’insiste ! 
 
- Alors… 
 
Lorsque l’inspecteur MORANGE se présenta à la porte de l’appartement de Ginette Robert, c’est la femme de ménage qui vint lui ouvrir. Elle le fit entrer et lui demanda de patienter un instant. Elle revint et le pria de la suivre au salon où se trouvait sa patronne assez étonnée d’ailleurs de cette visite. Ginette Robert, à demi allongée sur son canapé, se reposait. 
 
- « Inspecteur ?… 
 
- Je me présente : Inspecteur MORANGE. Vous êtes bien madame Ginette Robert ? 
 
- Mais oui, inspecteur, je suis surprise par votre visite, si c’est au sujet de mon accident, tout a déjà été réglé. 
 
- Pas du tout je… 
 
- Marthe, vous pouvez nous laisser. 
 
La femme de ménage sortit de la pièce et les laissa. C’est alors que dans l’entrée, une excitée la bouscula pour se précipiter dans le salon en criant : « Ginette ! Notre plan a foi… » 
 
Elle s’arrêta net comme paralysée à la vue de l’inspecteur qu‘elle reconnaissait pour avoir suivi, toute la matinée, ses allées et venues. 
 
- Marielle, que se passe t-il, tu es folle ! 
 
- Excusez-moi, je vous laisse, je reviendrai plus tard. 
- Pas du tout, mademoiselle, continuez, allez ! J’attends la suite, je suis très intéressé. Quel est-ce plan qui semble avoir…comment dites-vous : foiré, c’est ça?
 
 
- Marielle, tu n’as pas à répondre. Inspecteur, je ne connais toujours pas le pourquoi de votre visite. 
- Mais j’y viens, madame, et cette personne va sûrement m’y aider. Mais avant tout, elle va m’expliquer ce qu’elle faisait ce matin sur les lieux du crime 
 
- De quel crime parlez-vous ? Puis s’adressant à Marielle : « Je peux savoir Marielle, ce qui se passe ? 
 
- Je ne vois pas de quoi vous parlez, inspecteur. 
 
L’inspecteur sortant les photos qui se trouvaient dans l’enveloppe : « cela va peut-être vous rafraîchir la mémoire mademoiselle. 
 
- Marielle, regardant la photo que l’inspecteur lui tendait, secoua la tête en signe d’étonnement : « je ne sais pas, je me trouvais là par hasard » 
 
- Bon ! Ecoutez mademoiselle, vous arrêtez de me prendre pour un demeuré. Vous répondez à mes questions, ou je vous emmène au poste de police avec moi ! De toute façon avec toutes les empreintes que l’on a relevé dans le bureau de monsieur Lange, ce sera facile de les comparer avec les vôtres. 
 
- Marielle, réponds s’il te plaît. Vous m’inquiétez là… 
 
- C’est Bernard…mais je t’assure que moi, je n’ai rien fait 
 
Vous parlez de Bernard Lange, un des frères du cabinet d’affaires dont vous êtes, vous, madame Robert, la secrétaire ? Et peut-être aussi, quelque peu impliquée dans toute cette histoire… Je me trompe ?… Ce n’était peut-être qu’un accident…si vous voulez que je vous aide, il faut tout me dire Madame Robert, je vous écoute : 
Parlez ! 
 
- Inspecteur, j’ai un ami…Gérard Daniel 
 
- Daniel ?…il est parent avec Valérie Daniel qui avait rendez-vous ce matin, avec monsieur Lange ? 
 
- Oui, mais elle n’a rien à voir avec ce qui vous préoccupe. Elle ne sait même pas que son frère et moi, nous nous fréquentons. Elle ne sait pas non plus que son frère est un joueur invétéré. Ces jours ci, il a perdu une grosse somme d’argent au jeu et il n’avait que quarante huit heures pour la rembourser. Il fallait trouver une solution, très vite. Je savais que Bernard, mon patron, gardait toujours pas mal d’argent dans son coffre-fort. Ce matin, normalement il avait deux rendez-vous importants en ville avant de recevoir Valérie. Par conséquent, il devait être absent du bureau. C’est pourquoi Marielle et Gérard y sont allés ; j’avais donné la combinaison du coffre-fort à Gérard…ce n’était qu’un emprunt, le temps de se retourner … 
- Je n’en sais pas plus inspecteur … Mais un crime ? 
 
- Marielle, vous voulez bien continuer ? 
 
- Marielle, les lèvres serrées, hésitait, puis elle se décida à dire ce qui s’était passé. 
 
- Voilà : une fois rentrés dans le bureau, Gérard s’est dirigé vers le coffre-fort…il était entrain de l’ouvrir, quand Bernard est arrivé. Il s’est rué sur lui…ils se sont battus… Gérard s’est trouvé en mauvaise posture, il s’est défendu comme il a pu, il étouffait. Bernard avait mis ses deux grosses mains autour de son cou…Tout à coup, j’ai vu Bernard tomber…Gérard avait dans sa main un gros cendrier avec lequel il l’avait frappé pour se dégager, et puis….voilà…on s’est aperçu qu’il ne bougeait plus. J’ai eu peur, je me suis enfuie mais je suis restée en face de l’immeuble, j’étais terrifiée, Je cherchais Gérard, je ne savais plus quoi faire 
 
- Mon Dieu, mais ce n’est pas possible. Ce n’était qu’une solution d’urgence. Et où est Gérard à présent ? Mais qu’est-ce qu’il a fait ! 
 
- Cela, tu ne l’avais pas prévu ma chère Ginette, hein ? 
 
- De quoi parlez-vous mademoiselle ? 
 
- Je crois bien que Ginette, nous a envoyé dans la gueule du loup ! Une façon de punir Gérard…l’infidèle… puis s’adressant à Ginette : 
 
- Tu savais pour Gérard et moi et tu as voulu te venger, n’est-ce pas ! 
- Mais tais-toi donc ! 
- Oui, pour l’instant, j’en ai assez entendu. Il est temps mademoiselle que je vous 
emmène pour prendre votre déposition. Maintenant, que vous voilà avec un mort sur les bras, il faut assumer ! Le conseil que je peux vous donner, madame Robert, c’est de dire, quand vous le verrez, à ce monsieur Daniel, de se rendre à la police ; ce sera mieux pour tout le monde. Et quant à vous, malgré votre état, madame, je vous déconseille de quitter la ville. 
 
Lorsque l’inspecteur MORANGE se présenta une heure plus tard, au domicile des Daniel, c’est Valérie qui vint lui ouvrir la porte. Elle venait de rentrer et n’avait pas encore vu son frère qui, enfermé dans sa chambre, était entrain de lui écrire une lettre. En voyant de nouveau l’inspecteur avec un de ses coéquipier, elle s’emporta : 
 
- « Ah, non inspecteur, maintenant, c’est du harcèlement ! 
 
Gérard qui s’était approché, la prit par l’épaule et lui dit tout doucement : - « non, Valérie, c’est pour moi qu’il est là. » puis s’adressant à l’inspecteur : - « Je vous suis inspecteur » 
 
- Je suis désolé Valérie…Tu trouveras une lettre dans ma chambre dans laquelle je t’explique tout. 
 
- Mais inspecteur… On peut m’expliquer là ! 
 
- Vous vouliez connaître la fin de l’histoire Valérie. Elle n’est ni délirante, ni folle mais plutôt triste et décevante. Je ne sais pas si vous la raconterez, mais ce que je peux vous dire, c’est que ce pauvre monsieur Lange, comme vous l’appeliez, va longtemps hanter vos jours à venir… 
 
.