Elesta avait dormi tout l'après-midi. C'était la nuit qu'elle travaillait. Maintenant l'obscurité envahissait la plaine qui jouxtait sa caverne. En sortant, elle vit Falin qui était comme elle. C'est drôle, il la regardait d'un air bizarre. Etait-il amoureux d'elle ? Ils allèrent chasser ensemble. Des moustiques volaient sans se douter du danger. Elesta et Falin firent un plan : Elesta devait pousser un cri strident qui inciterait l'insecte à se diriger vers Falin qui le mangerait. Et vice-versa…
Elesta et Falin se plaisaient bien. Ils chassèrent des moustiques, des papillons, des oiseaux une bonne partie de la nuit. Mais l'aube approchait. Ils rentrèrent dans la grotte et se suspendirent l'un à coté de l'autre, la tête en bas, leurs griffes se tenant à une rugosité de la paroi.
À partir de ce moment-là, ils passèrent de nombreuses journées ensemble. Et Elesta se retrouva enceinte. Depuis, Falin partait seul à la recherche de la nourriture. Une nuit, qu'il tardait à rentrer :
- Falin, Falin. Où est-tu ? dit Elesta croyant qu'il l'avait abandonnée.
Une ombre noire avançait dans l'obscurité. C'était un homme. Il pointait son fusil vers elle. Elesta tremblait. L'inconnu était prêt à tirer.
Heureusement, Falin survint, l'attaqua, le mordit à la jambe. " Arrrrg " cria l'homme en essayant de se débarrasser de Falin. Pour sauver Elesta, Falin entraîna l'individu loin dans la forêt, en lui voletant devant. Après un long moment pendant lequel Elesta pensait ne plus le revoir, Falin revint, heureux ; ils se câlinèrent. Quelle chance que Falin soit apparu au bon moment !
Le lendemain Elesta souffrit de douleurs ventrales. Elle perdit les eaux et accoucha d'une merveilleuse petite chauve-souris : Max, moi. Mes parents se répartirent alors les rôles. Mon père Falin s'occupait de nous défendre, ma mère allait chercher de la nourriture. Moi je devais faire la sieste. C'était énervant. Je voulais voir ce qu'il y avait dehors. Mes parents m'en empêchaient pour ma sécurité car je ne savais pas encore voler.
Une nuit de pleine lune, que mon père et ma mère étaient partis en amoureux, je désobéis et sortis de la grotte. C'était merveilleux ! Des plaines, des montagnes, des rivières et des animaux vivaient là sans que je me sois, jusqu'alors, aperçu de leur présence. J'admirai le paysage et tout d'un coup, je tombai du haut de la falaise. Je n'avais pas vu qu'il y avait un précipice. J'allais mourir ! En bas, un lac avec des alligators qui espéraient mon corps. Si je réchappais à la chute, une mort cruelle m'attendait. Mais non, quelqu'un qui me ressemblait, me rattrapa. Il me demanda :
- Que fais-tu ici Max ?
- Je… je suis sor.. sorti de ma… ma grotte et je… je ne retrouve plus mon… mon chemin, co… comment connaissez vous mon nom ? dis-je.
Mon oncle , c'était mon oncle qui m'avait sauvé. Il me fit rentrer chez moi. Mes parents arrivèrent trois secondes après. Ils apportaient un beau lapin. Nous, nous rassasiâmes de sang. Après cela, mes parents décidèrent de m'apprendre à voler.
- Saute et bat des ailes, me dirent-ils en cœur.
Au bout de trois fois, je réussis. C'était formidable de voler. Je m'amusai à me laisser tomber longtemps le long de la falaise puis à remonter.
Le lendemain, je regardai chasser mes parents. Ma mère et mon père émettaient des cris, les insectes effrayés poussaient des hurlements de frayeur. Mes parents se servaient de l'écho qui leur revenait pour aller dans leur direction et les manger. Ma mère me rapporta un moustique.
La nuit suivante, mes parents me jugèrent assez fort pour me nourrir tout seul. Je fis comme eux. Mais c'était dur d'attraper les papillons de nuit, car ils volaient, en rond, en zizag ou se posaient sur des fleurs de la même couleur qu'eux. Mais bientôt, j'arrivai à attraper un moustique, puis des insectes de plus en plus gros.
Plus je grandissais, plus j'apprenais. J'étais le plus grand chasseur. Un jour, ma mère fut grosse, très grosse. Elle mit au monde : Alex, mon frère.
C'était un temps de sécheresse. Tous les ruisseaux étaient asséchés. Presque tous les animaux étaient partis. Maman disait souvent : " Bientôt, nous servirons à manger à l'aigle des collines." C'est ce qui se passa un jour que le soleil brillait. Un aigle affamé vint dans la grotte nous attraper. L'aigle avait aussi un enfant à nourrir. Mes parents me conseillèrent de me cacher et s'occupèrent de mon frère qui était trop petit pour le faire tout seul. Mais l'aigle essayait de les manger. Heureusement, ils purent sortir de la grotte et dissimuler mon frère quelque part dehors, sans doute derrière des buissons épais. Puis, ils se défendirent.
J'assistai à la plus grande bagarre de ma vie. Mes parents se protégeaient tant bien que mal. Ils sautaient dessus l'aigle essayant de le mordre. Mais le rapace était trop fort pour eux. Il les tua et les emporta dans son nid. Je profitai de son départ pour retrouver Alex.
Je sortis de la grotte, fouillai les buissons épineux, volai jusqu'aux cimes des arbres. Je cherchai aussi près de la rivière et en bas du précipice. Mais rien. Peut-être quand l'aigle était parti, Alex s'était-il réfugié dans la grotte ? J'y retournai. Il n'était ni dans les crevasses, ni dans les creux des parois. Je ne savais plus où chercher. Avait-il assisté au massacre de nos parents ? L'aigle l'avait-il trouvé ? Je pleurai. Je me disais que je ne devais pas rester là. Ce serait trop dangereux. Je quittai ma caverne.
J'entendis alors le cri perçant de l'aigle. Il revenait à la charge. Je partis sans savoir où j'allais, tout droit. Quand, tout à coup, je vis…
… Miracle un château. J'entrai. C'était un très beau château. Il avait des murailles de pierre très hautes. Personne ne devait habiter là depuis un siècle car des ronces et des baies sauvages empêchaient d'entrer. Je survolai le jardin et me posai sur la fenêtre. Personne à l'intérieur. Je pénétrai dans une grande salle et, enfin en sécurité, je m'endormis près de la cheminée.
" Broum " Une voiture se gara. C'était le matin. Je me réveillai. Vite, je montai à l'étage me cacher. Des personnes arrivèrent. C'était la famille Crokers, les parents et deux enfants. Ils allaient emménager ici. Ils ne se doutaient pas que j'étais là. Les nouveaux venus visitèrent le rez-de-chaussée. Puis ils montèrent les escaliers, allèrent dans les cabinets, la salle de bain, la première chambre, la deuxième, la troisième. " Au secours, ils vont me voir ! "
- AU SECOURS ! crièrent les enfants, une chauve-souris.
Ils sortirent en courant du château. Les parents ne dirent rien. Je me crus à l'abri.
Mais je me trompais. Le lendemain, les enfants me poursuivirent avec des épuisettes. Une fois, je me cachai dans les toilettes, une autre dans la salle de bain, dans les poubelles, toujours ils me trouvaient et je m'enfuyais. Quand je me suis dissimulé dans le placard, ils m'ont surpris car ils avaient apporté un petit lapin. Peut-être voulaient-ils me donner à manger ? Ils avaient deviné que j'avais faim. Je bondis sur l'animal pour lui sucer son sang, mais je tombai dans le filet que tenaient les parents. C'était un piège ! Clémence, la plus petite, me regardait d'un air curieux. Son frère Christian posait sur moi un regard sévère. Puis, ce fut le noir complet.
Quand je me réveillai, j'étais dans une prison installée au grenier. Le soir même, un bruit étrange se fit entendre. Comme si quelqu'un était tombé dans les pommes. Des pas montèrent l'escalier et deux ombres noires s'avancèrent vers ma cage. Qui était-ce ? Les enfants qui revenaient me voir ? Ou les parents qui voulaient me tuer ? J'avais peur. Quand ils s'approchèrent, je vis un garçon avec des longues dents couvertes de sang. Il me rappelait quelqu'un. C'était donc une nuit où la lune était ronde ? Je reconnus Alex !
- Tu n'étais pas mort ? dis-je
- J'étais caché. Tu sais où sont papa et maman ?
- Ils sont….
- Morts ? Je m'en doutais. Au fait, voici Christine. L'amour !
Il me présenta sa compagne.
- On est venu te sauver.
Alex prit une clé rouge. Celle-ci roula parfaitement dans la serrure. Alex me regarda avec ses yeux bleus. Son visage était surprenant. Des taches de rousseur étaient éparpillées sur tout son visage.
Nous partîmes. Dehors, la lune éclairait la nature et je pris la même apparence que mon frère. Une fois de retour dans notre ancienne maison, nous nous transformèrent en chauve souris.
Et oui, nous étions des vampires les jours de pleine lune capables de se changer en chauve-souris le reste du temps.
Quelques jours plus tard, je rencontrai Hélène. Et je connus comme toute ma lignée, l'amour et le miracle des enfants.
C'était l'histoire de Max, un petit vampire.